ProgrammeLes apports de Bruno Latour seront interrogés en trois lieux :
Dans l'enseignement de l'architecture Jeudi 9 novembre 2023, 9h-13h Ensa Bretagne 44 Bd de Chézy Centre, 35000 Rennes, Salle 1 9h20 Conférence d'ouverture : Latour, et la construction de l’architecture. Christophe Camus, sociologue, professeur Ensa Bretagne, membre du laboratoire GRIEF En guise de « conférence introductive », nous repartirons d’un Bruno Latour d’avant l’architecture, d’avant la posture de philosophe de l’écologie, en revenant au sociologue des sciences et des techniques stimulant qu’il a été et qui a inspiré ma sociologie des pratiques architecturales à la fin des 1980. Nous reviendrons ensuite sur la timide émergence d’une approche latourienne de l’architecture, pour en relever les acquis et les limites, et tout particulièrement sa déconstruction venant invisibiliser (involontairement) l’architecture (construite). Enfin, ayant vite renoncé à suivre le Latour penseur de l’écologie, je tenterai plutôt une critique de son tournant philosophique en interrogeant le caractère postmoderne de sa sociologie. 10h00 Territoires du projet, territoires de la pédagogie. Avec Pauline Ouvrard, maîtresse de conférences Ensa Nantes, membre du laboratoire AAU-UMR 1563 ; Laurent Devisme, professeur Ensa Nantes, membre du laboratoire AAU-UMR 1563 ; Patrick Henry, professeur Ensa Paris-Belleville, membre du laboratoire Ipraus UMR AUSser 3329, agence Pratiques Urbaines ; Guy Lambert, maître de conférences Ensa Paris-Belleville, membre du laboratoire Ipraus UMR AUSser 3329. Lors de sa dernière conférence, donnée à l’Ensa Paris-Belleville en septembre 2022, Bruno Latour cherchait à définir ce que pourrait être une architecture « terrestre » et à renouveler la question du territoire et des sols du projet en mobilisant la notion de « zone critique ». Cette rencontre sera l'occasion d'interroger, à travers la présentation d'expériences pédagogiques menées dans les Ensa et la diffusion du discours latourien chez les professionnel•les, ce qui se modifie ou non dans la boîte à outils des étudiant•es et des architectes, et comment peut-être de l'enseignement à la pratique professionnelle, on peut tracer des effets des concepts latouriens tels qu'enseignés, car du concept à son enseignement, c'est en tant que passeur/traducteur que les architectes enseignant•es et chercheur•es peuvent se positionner. 11h10 "Faire festival": une recherche-action en arts politiques, au SPEAP à Science Po Paris. Capucine Fouquin, architecte et designer ; Adèle Lhoutellier, responsable de projets artistiques et culturels ; Etienne Gilly, architecte et urbaniste Constitué dans le cadre de SPEAP (master en arts politiques créé par Bruno Latour au sein de Sciences po Paris), le groupe de recherche interdisciplinaire formé par Capucine Fouquin, Etienne Gilly et Adèle Lhoutellier propose de partager la manière dont il a expérimenté les méthodologies d’enquêtes pragmatistes dans le cadre d’une invitation du festival d'arts vivants franco-belge NEXT à interroger la relation et la possible rencontre du festival avec son territoire d’ancrage, celui de l’Eurométropole de Lille Courtrai Tournai + Valenciennes. A travers une réflexion sur de nouvelles manières de « faire festival », ils invitent à l’exploration de traversées attentionnelles du territoire transfrontalier, afin d’interroger les relations, circulations et modes d’interaction entre les êtres qui composent cet espace de vie. Ils partagent le cadre conceptuel, leur méthodologie et les exercices mis en œuvre pour arpenter et entrer en relation avec ce territoire, et ainsi leur intuition que ceux-ci constituent autant de praxis (actions) auxquelles architectes et urbanistes peuvent se frotter, pour s’équiper face aux nouvelles controverses d’usages, d’habiter, de circuler. Restitution des échanges de la matinée par Margaux Darrieus, maîtresse de conférences Ensa Bretagne, membre du laboratoire ACS UMR AUSser 3329, membre associée du laboratoire Grief, membre du conseil scientifique des journées d'études ; Léa Mosconi, maîtresse de conférences Ensa Nantes, membre du laboratoire Crenau UMR AAU 3329, membre associée du laboratoire ACS UMR AUSser 3329, membre du conseil scientifique des journées d'études. Les échanges seront également saisis, en direct et par le dessin, par Thomas Radas, architecte et membre du collectif Synopsis.
Pour suivre les échanges de la matinée en visioconférence : https://zoom.us/j/92020564107
Dans la pratique de l'architecture Jeudi 9 novembre 2023, 15h30-18h30 Ensa Nantes, 6 Quai François Mitterrand, 44200 Nantes, Galerie de la Loire 15h30 Conférence d'ouverture : Latour, portrait pour architectes ou Basic Latour pour architectes. Jean-Louis Violeau, sociologue, professeur Ensa Nantes, membre du laboratoire Crenau UMR AAU Dans Travailler au quotidien avec Bruno Latour (AOC, 2023), un beau portrait amical et admiratif, Michel Callon son alter ego du CSI (Centre de Soclologie de l’Innovation) de l’Ecole des Mines décrit un Latour « issu de la grande bourgeoisie de province », « biberonné à la philosophie et à la théologie » avant de traverser « le début des années 1970 sans être touché par les mouvements sociaux de l’époque » et s’y être vaguement « contenté d’une lecture cursive du Capital ». Aujourd’hui, Gaïa a remplacé Che Guevara et la pensée de Bruno Latour exerce une influence indéniable sur les jeunes (et moins jeunes) générations d’architectes. Comment expliquer ce magnétisme intellectuel ?
16h15 Autour de la théorie de l'acteur-réseau. Emeric Lambert, professeur Ensa Versailles, agence PARC architectes ; Pierre Bouilhol, architecte, doctorant au laboratoire GERPHAU et au laboratoire SASHA ; Jean Souviron, maître de conférences associé Ensa Paris-Belleville, membre de l'Ipraus UMR AUSser 3329 ; avec Maxime Decommer, maître de conférences Ensa Bretagne, membre des laboratoires ACS UMR AUSser 3329 et Grief, membre du conseil scientifique des journées d'études
De la mobilisation de la « théorie de l’acteur-réseau » pour appréhender le projet architectural à celle des « géoconflits » pour comprendre des situations quotidiennes de projets urbains, en passant par la « non-modernité », saisie pour réviser les manières de se représenter les matériaux et les systèmes constructifs, cette session explore – depuis les agences d’architecture – les manières dont les architectes se tournent vers les écrits de Bruno Latour pour penser leurs pratiques de projets. 17h30 Entre matérialisme et pensée relationnelle : Débat sur le rôle politique de l’architecte à partir de nos pratiques et de nos théories de l’architecture. Maëlle Tessier, professeur Ensa Nantes, agence Tact architectes ; Tangui Robert, architecte, collectif Versants ; Maxime Gény, architecte, doctorant en architecture Ensa Paris-La Villette et Université Paris-Nanterre ; Gilles Malzac, architecte, doctorant Ensa Paris-Malaquais et ENS, maître de conférence associé Ensa Lyon ; avec Can Onaner, professeur Ensa Bretagne, membre du laboratoire LIAT, membre associé du laboratoire Grief, membre du conseil scientifique des journées d'études Cette rencontre réunit des approches différentes, aux sujets, méthodes et enjeux éloignés, qui révéleront pourtant leurs affinités et leurs contradictions autour de la question du rôle politique et social de l'architecte. À la suite d'une présentation par les intervenant.e.s de leurs pratiques architecturales, artistiques et théoriques en lien avec quelques notions de Bruno Latour, la discussion prendra forme autour des positions de l’architecte et de ses terrains de conflits, dans une perspective dialectique, entre théorie et pratique, entre autonomie et hétéronomie, entre matérialisme et relationnisme, entre distanciation par des formes abstraites et ancrage par des formes de vie terrestres. Restitution des échanges de l'après-midi par Marco Assennato, maître de conférences Ensa Paris-Malaquais, membre du laboratoire ACS UMR AUSser 3329, membre du conseil scientifique des journées d'études. Les échanges seront également saisis, en direct et par le dessin, par Victor Diot, illustrateur, diplômé en philosophie et étudiant en architecture à l'Ensa Bretagne.
Pour suivre les échanges de l'après-midi en visioconférence : https://zoom.us/j/92020564107
Dans la recherche en architecture Vendredi 10 novembre 2023, 13h30-20h Ensa Paris-Malaquais, 14 rue Bonaparte, 75006, Paris, 13h30-15h salle 101 (bâtiment Perret), à partir de 15h30 amphithéâtre 2 des Loges 13h30 (salle 101) La science et la politique. S.O.C - Société d'objets cartographiques ; Alexandra Arènes, PhD Architecture, agence shaā ; Soheil Hajmirbaba, architecte HMONP, agence shaā ; avec Guillaume Meigneux, maître de conférences Ensa Saint-Étienne, membre du laboratoire Cresson UMR AAU, membre du conseil scientifique des journées d'études
Les deux ateliers-conférences proposés par S.O.C (Alexandra Arènes, Soheil Hajmirbaba) reviennent sur l’articulation de deux « modes d’existences » qui alimentent leur pratique : la science et la politique. Issus de travaux collaboratifs avec Bruno Latour, ces ateliers visent à discuter et mettre au travail l’apport de la pensée Latourienne et de ses méthodes en architecture. Atelier 1 : Cartographier la zone critique avec Jérôme Gaillardet (Géochimiste IPGP). Atelier 2 : Où attérir ? (cahier de doléances) avec Estelle Poly (Mairie de Ris Orangis).
15h30 (amphithéâtre 2 des Loges) N’avons-nous jamais eu d’objets ? Ontologie plate, théorie de l’architecture et politique. Kent Fitzsimons, maître de conférences Ensap Bordeaux, membre du laboratoire PAVE Que se passe-t-il quand on mobilise l’ontologie plate prônée par la théorie acteur-réseau – en particulier sa suspension de l’opposition binaire sujet/objet – dans la théorie de l’architecture ? Celle-ci s’appuie habituellement sur une distinction nette entre les humains et le « non-humain » que constitue l’environnement bâti par et pour les premiers, surtout lorsqu’il s’agit de comprendre l’incidence de la forme architecturale sur l’activité humaine dans ses dimensions sociale et politique. L’ontologie plate présente deux écueils à cet égard. D’une part, en tendant à fétichiser le bâti en tant qu’actant au même titre que les humains, elle risque de lui attribuer intention et responsabilité tout en en disculpant ses concepteurs et usagers. D’autre part, puisque la symétrie entre humains et non-humains amène à saisir le bâti en tant que « chose en formation » (Latour et Yaneva), un processus jamais achevé, ses qualités formelles reculent constamment devant toute tentative de théoriser leurs contenus sociaux ou politiques. Si « nous n’avons jamais été moderne » (Latour), qu’est-ce que croire que nous n’avons pas d’objets architecturaux permet ou empêche en matière de savoirs sur l’architecture ? 16h15 À propos du rapport au terrain de l’engagement et de l’attachement : interrogations méthodologiques et épistémologiques. Miléna Koutani, architecte DE, doctorante au laboratoire ATE ; Aleksey Sevastyanov, architecte, docteur en philosophie, chercheur associé au laboratoire LACTH et au laboratoire UMR 8163 Savoirs, Textes, Langage ; avec Margaux Darrieus, maîtresse de conférences Ensa Bretagne, membre du laboratoire ACS UMR AUSser 3329, membre associée du laboratoire Grief, membre du conseil scientifique des journées d'études Cet échange sera l’occasion d’une rencontre entre deux approches des travaux de Latour, l’une par la pratique et l’autre par la théorie, la première par l’importation des concepts latouriens pour comprendre un terrain d’enquête, la seconde par l’analyse d’un texte où le penseur s’empare de front de la question architecturale. Au cœur des interrogations et des paradoxes qui émergeront de ces deux points de vue : la politisation des actants observés et l’apolitisation induite du sujet observant ; la diplomatie nécessaire pour faire cohabiter humains et non-humains et l’usage d’une focale de description discriminante pour les comprendre. Nous nous demanderons finalement où se situe et comment décrire l’espace même où se déploient les intrigues étudiées par Latour ou avec ses outils ? 17h15 Suivre l’objet. Existe-t-il des histoires latouriennes de l’architecture ? Paul Bouet, maître de conférences Ensa Paris-Est, membre du laboratoire OCS Cette intervention propose de discuter la manière dont les travaux de Latour participent à faire évoluer les approches et méthodologies de l’histoire de l’architecture. L’hypothèse principale est que la théorie de l’acteur-réseau puis l’engagement écologiste du sociologue et philosophe ont participé à élargir et complexifier la compréhension de l’œuvre architecturale, et par-là la manière dont on peut en faire l’histoire. À des approches très monographiques, centrées sur l’œuvre d’architectes célèbres et adoptant volontiers le point de vue des concepteurs, succèdent graduellement des appréhensions plus diverses de l’histoire de l’architecture. On mettra en évidence cette évolution en discutant les travaux d’une série de chercheurs, notamment Jane Hutton, Kiel Moe et Jiat-Hwee Chang, tout en examinant une série d’expositions et d’enseignements dispensés dans des écoles d’architecture, qui tous convergent vers l’approche qui consiste à suivre la trajectoire d’objets. Restitution des échanges de l'après-midi par Margaux Darrieus et Léa Mosconi. Les échanges seront également saisis, en direct et par le dessin, par Tamaya Sapey-Triomphe, artiste et architecte.
18h45 (amphithéâtre 2 des Loges) Conférence de clôture, à partir de 18h45, amphithéâtre 2 : Ce siècle sera Latourien : Cinq affirmations sur la recherche de l’architecture. Albena Yaneva, professor of Architectural Theory at the University of Manchester and adjunct professor at the GSAPP, Columbia University.
Pour suivre les échanges de l'après-midi en visioconférence : https://zoom.us/j/93412002243 |
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